La série d’articles “Curiosités Paysagères” est librement adaptée du livre “Jardins : guide d’inspiration paysagère”, par M. Stéphane Krebs, aux éditions Favre.
Un labyrinthe est un réseau complexe de cheminements dont on ne peut s’écarter. Le but final étant de rendre difficile la recherche de l’issue.
Il peut être composé de croisements, de culs-de-sac, d’obstacles, de pistes erronées, de tours et de détours, et de bien d’autres complications destinées à ralentir, voire à égarer, les plus aventureux.
Il peut être structuré librement ou par diverses représentations géométriques, notamment angulaires ou concentriques. Une succession de plusieurs structures est également possible.
Les premières traces de labyrinthes remontent à la préhistoire, sous la forme de dessins gravés. Le plus ancien dont nous disposons actuellement est un labyrinthe à sept circonvolutions encadré de quatre doubles spirales, gravé sur un fragment de défense de mammouth retrouvé dans une sépulture en Sibérie.
Ainsi, l’acte d’associer le dessin à une réflexion cérébrale intense, tel que l’expression graphique du “labyrinthe”, peut laisser supposer qu’il s’agirait d’une forme de pré-écriture.
De nombreuses civilisations (grecques, romaines et autres) ont utilisé le mythe du labyrinthe et sa haute valeur symbolique, à commencer par le Crétois Dédale qui construisit pour Minos le labyrinthe destiné à enfermer le Minotaure. Une fois l’ouvrage achevé, Minos ordonna d’y enfermer Dédale avec son fils Icare, afin de s’assurer que personne ne puisse en divulguer les plans. La conception du labyrinthe qui relevait de l’excellence était à ce point compliquée qu’il fut impossible pour le concepteur lui-même d’en trouver la sortie. Pour fuir avec son fils, Dédale dut emprunter la voie des airs en créant des ailes faites de cire et de plumes qui leur permirent de s’envoler.
D’un point de vue métaphorique, l’envol de Dédale et d’Icare représente l’élévation de l’esprit vers le savoir, ou l’élévation de l’âme vers la spiritualité.
Il est en outre intéressant de relever que “Dédale” est devenu au fil des siècles et de la notoriété de la légende un synonyme du mot “labyrinthe”.
L’histoire du jeune Thésée enfermé volontairement dans le labyrinthe de Dédale pour tuer le Minotaure et qui retrouve le chemin de la sortie grâce au “ fil d’Ariane” montre qu’il faut parvenir au centre du labyrinthe pour être confronté à ses peurs, puis en ressortir par le même chemin avec toutefois une prise de conscience supérieure. C’est ainsi que le cheminement vers la sortie commence au cœur du labyrinthe, comme les réponses à nos interrogations trouvent leur source en nous-mêmes.
Il est important de mentionner que les Egyptiens illustrent aussi la symbolique du labyrinthe au travers de leurs mystérieuses pyramides qui traitent également de la mort, de l’égarement, du fil conducteur et de la quête du “centre”.
Labyrinthe, parc Sigurtà, Valeggio sul Mincio, Italie
Sur le plan philosophique, le mythe du labyrinthe repose sur une dualité : celle de l’Homme et de sa condition sur terre. On ne peut dès lors s’empêcher de faire la comparaison entre la complexité de l’âme humaine et celle du cortex cérébral dont la forme s’apparente à celle d’un labyrinthe.
L’humanité aurait-elle eu pour source d’inspiration la représentation d’un cerveau pour créer les premiers labyrinthes ?
L’Homme, face à l’univers infini qui l’entoure, en quête de ses origines et se questionnant sur son futur, se représente-t-il son chemin de vie, symboliquement, comme un labyrinthe ?
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