Protections hivernales des végétaux sensibles

Protections hivernales des végétaux sensibles

En préambule, et à titre informatif, la plupart des dommages provoqués par l’hiver se produisent pour trois raisons, qu’il s’agisse de végétaux indigènes, exotiques, résistants ou non :

  1. Le végétal n’est pas acclimaté à nos latitudes et aux frimas de nos hivers. Ses cellules sont alors altérées de telle manière que le végétal, ou des parties de végétal, ne soient plus viable durablement.
  2. Les brusques écarts de températures engendrent des déchirures dans les parois cellulaires et amènent à ce que l’acheminement de la sève brute, ainsi que la sève élaborée, ne soit plus assurée, ou suffisamment perturbé, pour que tout, ou des parties du végétal, dépérissent. Cela est particulièrement le cas le matin, après des températures nocturnes basses dues notamment à une  forte perte thermique par rayonnement, à l’instant précis où les végétaux glacés sont frappés par les premiers rayons de soleil. C’est l’action du dégel trop rapide génèrent alors les dégâts.
  3. Un défit de l’absorption hydrique du végétal entraine des dessiccations du feuillage, voire un dessèchement total de la plante, même en hiver.

En effet, lorsque les feuilles se réchauffent au-dessus de zéro degré Celsius, leurs activités physiologiques démarrent. Dés lors, elles commencent à respirer, à transpirer et  de l’eau s’évapore par leurs stomates. Les racines étant encore gelées, le système radiculaire n’est alors pas en mesure d’absorber l’eau gelée du sol, ni de compenser la perte qui se produit.  Il s’en suit des dommages de sécheresse.

De plus, le gel extrait de l’eau des racines.

Il peut également être intéressant de préciser que les conifères, de même que les végétaux persistants ayant souffert d’une telle situation manifestent les symptômes de dessiccation, ou de dessèchement, de manière différée. Cela peut aller de quelques jours à plusieurs semaines en fonction des conditions climatiques du moment.

Par ailleurs, ce phénomène peut également se produire lors d’une nouvelle plantation, ainsi qu’en présence de végétaux fraichement transplantés.

C’est pourquoi, même en hiver, il faut assurer les besoins en eau des végétaux par un arrosage judicieux et régulier.

 

Comme nous l’avons vu précédemment, les végétaux aux origines subtropicales et méditerranéennes, tels que notamment les palmiers, les oliviers et les bananiers, ne sont pas, ou peu, acclimatés à nos latitudes et ne résistent pas, ou peu, à nos conditions hivernales.

Afin d’assurer la pérennité de ces végétaux et d’en conserver la beauté, il convient de prendre les mesures adéquates.

Tous les organes des plantes peuvent être sujets à des conséquences néfastes:

  • Le feuillage,
  • Les bourgeons,
  • La couronne,
  • Les branches
  • La charpente
  • Le tronc
  • Le collet et
  • Le système racinaire

Les causes de cette sensibilité sont non seulement d’ordre génétique et physiologique, mais sont également liés à l’implantation initiale, ainsi qu’aux moyens culturaux.

Les conséquences et dégâts potentiels peuvent être, en fonction des essences, des

  • Brûlures du feuillage
  • Dessiccations
  • Engelures
  • Gélivures
  • Éclatements des troncs et des branches
  • Renversement
  • Ruptures de branches
  • Dessèchements hivernaux
  • Écrasement
  • Dépérissement

Il s’agit de risques permanents présents tout au long de la période hivernale.

Ces dégâts, ainsi que le dépérissement potentiel, sont dus à des phénomènes de différentes natures liées aux conditions hivernales.

Eléments météorologiques Phénomènes Dégâts
Hiver précoce Mauvais aoûtage des bois

Absence de durcissement du feuillage

Sensibilité excessive des rameaux

Sensibilité excessive des feuilles et des bourgeons

Température Gel

Rayonnement thermique

nocturne

Chocs thermiques

Ecart et variation de température

Alternance brusque gel-dégel

Extraction de l’eau des racines

 

 

 

Brûlures du feuillage

Engelures

Gélivures

Dégâts racinaires

Contraintes dans le tissu de la plante avec déchirure des parois cellulaires, puis éclatements des troncs et des branches.

Déssèchements

Dépérissement

Ensolleillement Rayonnement solaire Dessication

Déssèchement

Brûlures du feuillage

Atmosphère Taux d’humidité de l’air

Forces éoliennes

Brûlures du feuillage

Dessication

Renversement

Précipitations Pression de la neige

Charge de la glace

Grêle

Pluie battante

Ruptures de branches

Renversement

Coups et défoliation

Allourdissement de la protection

 

Les dépérissements dus aux phénomènes de dessiccation et de dessèchements hivernaux peuvent aussi se produire avec des plantes nouvellement transplantées ou de nouvelles plantations.

Le concept de protection doit impérativement être adapté au végétal à préserver, différencié et tenir compte de ses caractéristiques physiologiques.

La mise en place des  moyens de préservation doit être progressive suivant les conditions atmosphériques, météorologiques et saisonnières, différentes d’une année à l’autre.

Le niveau de protection hivernale devra également être réévalué et réadapté en fonction des conditions climatiques du moment.

L’installation sera graduellement repliée en fonction de l’amélioration des conditions avec l’arrivée du printemps.

Des conditions initiales favorables améliorent considérablement la capacité des végétaux à résister aux nuisances de l’hiver :

  • Choix d’une situation abritée et protégée des éléments météorologiques
  • Choix du pot, ou du bac à plantes, idéal
  • Plantation, respectivement mise en pot, réalisée dans les règles de l’art
  • Drainage suffisant – Écoulement des excès d’eau
  • Aération optimale du sol ou du substrat
  • Soins culturaux judicieux et réguliers durant l’année :
  • Fumure :
    • Qualité (éléments nutritifs adaptés, équilibré, …)
    • Quantité
    • Fréquences (dates d’application, …)
  • Irrigation :
    • Qualité (pH, salinité, température, …)
    • Quantité
    • Fréquences
  • Amendement :
    • Qualité (adaptée, équilibrée, …)
    • Quantité
    • Fréquences (dates d’application, …)
  • Tuteurage et palissage
  • Désherbage
  • Suivi parasitaire et cryptogamique
  • Surveillance

Une bonne planification garanti également le résultat et permet une plus grande liberté de manouevre :

  • Anticiper l’élaboration du concept de protection hivernale avec choix des matériaux de protection et d’isolation.
  • Définir l’endroit, destiné à recevoir les plantes, abrité et protégé des éléments météorologiques.
  • Acquisition des équipements suffisemment tôt afin de ne pas être pris au dépourvu le moment venu.
  • Toillettage, taille et nettoyage préalable des plantes.

Les caractéristique suivantes devraient remplies par les matériaux choisis en fonction de l’utilisation et des effets recherchés :

  • Aptitude aux besoins de protection nécessaire (thermique, isolation, ombrage, …)
  • Possibilité d’application
  • Perméabilité à l’air pour les parties végétales
  • Imperméabilité à l’eau
  • Transparence à la lumière
  • Faculté d’ombrage
  • Capacité de résistance au froid
  • Stabilité au rayonnement ultra-violet
  • Résistance à la déchirure
  • Ligatures adéquates et robustes, non blessantes
  • Expérimentation et essais préalables
  • Esthétisme

Il s’agit également d’en définir les quantités, la qualité, les dimensions, l’épaisseurs, le coloris, …

En fonction des végétaux à préserver,  respectivement à leur sensibilité, les protections à mettre en œuvre sont les suivantes :

  • Protection thermo-isolante du sol, ou des pots, en aménageant des ouvertures pour l’arrosage.
  • Surélévation des pots.
  • Protection thermo-isolante du tronc.
  • Protection thermo-isolante et d’ombrage de la couronne, en aménageant des ouvertures pour l’aération tout en évitant les introductions de d’eau inopportune.
  • Mise en place d’une structure contre les écrasements.
  • Arrimage contre les méfaits du vent (fixation des protections, amarrage des plantes en pots, blocage des roulettes, …).

Par ailleurs, il convient de mettre en place les moyens de préservations uniquement par temps sec afin d’éviter des excès d’humidité initiaux, puis permanant à l’intérieur de la protection.

Les soins à prodiguer durant la période d’hivernage sont notamment ceux-ci :

  • Contrôles et surveillance
  • Arrosage
  • Aération – ventillation
  • Brumisation
  • Adaptation du niveau de protection hivernale aux conditions météorologiques du moment
  • Suivi antiparasitaire et anti-cryptogamique

Un hiver précoce et l’apparition soudaine des vagues de froid en cours d’hiver imposent une vigilance accrue et une grande réactivité, lorsque ceux-ci se manifestent, notamment par la mise en œuvre rapide des moyens de protection de base, ou supplémentaire, efficace.

Il est important de se renseigner sur les conditions locales, d’écouter les expériences du voisinage et les conseils avisés des spécialistes.

Dans certains cas, les protections hivernales peuvent également être utile contre la voracité du gibier, ainsi que servir de barrière biologique contre les parasites.

L’esthétisme mérite d’être l’objet d’une attention particulière non seulement quant aux matériaux utilisés mais également quant à leur mise en œuvre.

Tant la créativité, que les possibilités, sont considérables. Ils permettent d’apporter une touche de couleur et d’originalité dans la froideur hivernale.

Un moyen de substitution, à l’installation de ces moyens de protections hivernales, consiste en la mise en hivernage dans une serre horticole. Cette solution constitue une solution aisée envisageable, mais impliquant la manutention des plantes et leurs transports.

Stéphane Krebs

Maître et expert paysagiste